Attunement
Il y a des moments où je regrette d’être née dans un pays anglophone. Cela peut paraître étrange, mais je porte en quelque sorte le deuil de ces millions de mots anglais qui exprime des choses essentielles dans leur nuance, leur perfection, et dont il n’existe pas d’équivalent en français. C’est particulièrement vrai dans ma vision du monde et le travail que je fais. L’un de ces mots est “Attunement”, qui est une représentation exacte de ce que j’essaie de faire chaque jour, avec moi, avec les autres…
Alors, qu’est ce que c’est? C’est toujours difficile de décrire l’essence d’un mot. Je vais essayer de décrire ce que c’est dans la réalité… en tout cas dans ma perception du monde.
L’être humain est infiniment adaptable à son environnement. Il n’y a qu’à voir à quelles horreurs l’humain parvient à s’habituer et à survivre, à quelles situations insupportables il arrive à faire face et à surmonter. Plus banal, notre corps s’adapte quotidiennement à des changements de température, de lumière, de nourriture. En fait, il est fait pour s’adapter. Et dans une certaine mesure, cela fait partie de tout ce que nous vivons, nos relations, nos expériences de vie…
L’”attunement” est l’acte de se connecter, de s’harmoniser, avec quelque chose, comme on accorderait un violon avant un concert pour qu’il s’accorde avec une note arbitrairement choisie comme référence, à l’aide d’un diapason.
J’ai pu observer bien souvent ce phénomène. Comme par exemple, une équipe qui vient de gagner une course de pirogue, qui déclare que la raison de sa victoire est parce qu’elle était la plus en harmonie, à la fois entre rameurs, et avec l’océan. Une chorale, qui inexplicablement ce jour là, a un tel degré d’harmonisation avec les participants, les musiciens, le lieu que malgré la grippe dont souffrait la soliste et la fatigue du chef de choeur, la prestation était incroyable de justesse et de beauté, à en faire pleurer le public. Ou encore le public d’un concert, tous sur la même longueur d’ondes, celle d’un orchestre qui touchait du doigt le divin, à la tombée du jour.
J’ai toujours eu un lien profond à la nature, à l’univers, une harmonisation naturelle. Pour moi, il est évident que notre état souhaitable, notre nature, est d’être constamment en lien et en harmonie à l’intérieur et à l’extérieur de nous, avec ce que certains appellent la conscience universelle, qui est à la fois dedans et dehors. Il n’y a alors plus de tensions, de difficultés, tout devient fluide. On peut appeler cela l’état de flow, aussi (encore un mot anglais).
Spirituellement parlant, et dans mon travail, je recherche constamment à créer cette connexion, cette harmonisation, cet “attunement”, à travers la pleine conscience, le mouvement intuitif, la “fusion” avec la musique et la nature. Car alors tout en nous est harmonieux, fluide, magique. Il n’y a pas pour moi plus grand bonheur. Et c’est à la portée de tous!
Avez-vous déjà ressenti ça, vous aussi?